Mariana Thériot Loisel

Exposition 2018

Je me suis remise à peindre avec difficulté en 2009, après un arrêt de treize ans. Dans la vingtaine, pendant que je débutais mes études de philosophie, je faisais souterrainement,  dans le silence et le secret, le projet de ma première exposition. Je peignais pendant la nuit, avec acharnement, dans une maison endormie et je rangeais  mon ouvrage à la cave. Pendant une période plus introspective entre vingt sept et vingt huit ans, j’ai peint compulsivement. Mon départ pour le  Brésil pour les études qui me conduiraient au doctorat et le travail de professeur de philosophie à l’université à Sao Paulo m’ont par la suite, entièrement absorbée. Pendant cette période J’ai appris à regarder autour de moi. Il faut l’avouer je n’avais pas les moyens matériels : ni le temps, ni l’argent pour la peinture à huile, ni la place pour le faire.
J’ai alors fréquenté assidument le M.A.C., le musée d’art contemporain à Sao Paulo. J’ai vu des œuvres prendre forme sous mes yeux. Celles de Claudio Tozzi, Siron Franco, Ivald Granato et Cabral. J’ai vu surgir les sculptures de Caciporé, les immeubles de Tomie Otake. Plongée dans une ville de dix huit millions d’habitants, inondée d’immeubles, j’ai pris l’habitude lorsque je voulais entrer en contact avec la  nature de regarder les pans, les coins de ciels qui s’offraient à moi, les horizons de nuit et de jour.
Tu sais dis-je en guise d’excuse à  celui qui observe, devant mes toiles qui ne représentent  « rien » la plupart du temps, ce sont des aperçus du ciel à différents moment. Chaque toile se voudrait une ne fenêtre. Une fenêtre vers l’âme aussi, pour éclairer les ciels et les enfers qui nous habitent. La fenêtre établit le contact entre le dedans et le dehors, mes toiles aspirent également à cela… Je livre de moi ces traces de bleu, ces traces d’infini,  ces éclipses comme ce que j’ai de meilleur ou de pire. Et c’est si difficile parfois de creuser cette pâte des émotions pour déployer un monde.
Si je n’ai jamais cessé d’étudier je n’ai jamais formellement appris à peindre avant ma rencontre avec Christine Viens à la cinquantaine. La peinture reste pour moi un territoire de contingence, ou je peux laisser les choses se passer sans projet établi à l’avance, sans volonté de contrôle. Je laisse la peinture se faire, se dire, se taire. Je travaille les gouttes, la masse, les plis  à mesure que les couleurs surgissent. Contrairement à mes dessins étudiés aux Beaux Arts , mes toiles ne veulent rien interpréter, rien  représenter à priori.  J’irai même jusqu’à dire qu’elles partent de rien et souvent c’est au rien, au vide qu’elles aboutissent. Elles sont présentes et font partie du paysage. Comme des fenêtres,  l’on peut  y passer au-travers et aller au-delà.

Catalogue des oeuvres de l'exposition Fausta

Exposition passée

FENÊTRES - Du 19 au 25 juin 2018